Nexans : interview du DF (Securibourse)
Interviews de Frédéric Michelland
Frédéric Michelland
directeur financier du groupe Nexans
« Nous souhaitons mener une politique dinvestissement ambitieuse »
(Easybourse.com) Vos chiffres sont ressortis supérieurs aux attentes du marché, doù la réaction positive du titre Nexans. Quels ont été les ingrédients de ce succès >
Ce sont des chiffres qui se caractérisent par deux choses :
Dabord, une nette accélération de la croissance dans un corps de métier particulier, à savoir les câbles dénergie, ce qui est à peu près en ligne avec nos prévisions.
Ensuite, une amélioration de la rentabilité, le meilleur exemple étant lamélioration de notre taux de marge opérationnel, passé de 4,4% lan dernier à 5,8% cette année, alors que notre objectif annoncé était de lordre de 5,5%.
Vous venez de dévoiler un nouveau plan triennal. Quels en sont les principaux objectifs >
Nous avons atteint les objectifs du précédent plan avec une année davance, cest pourquoi nous nous sommes permis de réaliser dun nouveau plan sur trois ans, avec de nouveaux objectifs à lhorizon 2009.
Nous pouvons les résumer en 4 éléments :
- un objectif de croissance de lactivité : nous visons un chiffre daffaires consolidé à métal constant denviron 5 milliards deuros,
une poursuite de lamélioration de notre taux de marge opérationnel à 7,5%,
une poursuite de lamélioration de la rentabilité de nos capitaux employés avant impôt, avec un objectif de 13%,
en terme de cash-flow, nous avons pour objectif dêtre dès 2007 en cash-flow neutre ou positif et bien sûr, davoir une poursuite de croissance de ce cash-flow avant 2009.
Lobjectif global est de faire de Nexans un groupe plus rentable, moins cyclique donc moins présent dans les activités amont, plus concentré et avec davantage de synergie entre ses différents métiers.
Vous souhaitez mettre laccent sur les infrastructures dénergie. Quelle action allez-vous mener concrètement >
Globalement, nous avons décidé de mettre laccent sur les câbles dénergie, à la fois sur les infrastructures dénergie mais aussi sur les développements vis-à-vis de la clientèle industrielle dont nous sommes un gros fournisseur de câbles.
Nous bénéficions par ailleurs de deux éléments favorables : dans les pays les plus développés (Europe, Etats-Unis), nous sommes dans une phase de remplacement déquipements déjà existants, tandis que dans les pays émergents, on est plutôt dans une phase déquipement.
Les infrastructures dénergie sont donc un marché à la fois porteur et qui offre une certaine lisibilité, contrairement à des activités plus cycliques, du type câbles basse tension pour le bâtiment.
Envisagez-vous de poursuivre votre politique dacquisition >
Avec lannonce de ce plan triennal, le groupe a confirmé son souhait de mener une politique dinvestissement ambitieuse. La qualité de la situation financière et la solidité des principaux ratios financiers du groupe nous autorisent en effet à mettre à profit les opportunités dinvestissements complémentaires dans nos corps de métier.
Votre dette a augmenté à 633 millions deuros au 31 décembre 2006. De quelle marge financière disposez-vous pour réaliser de telles opérations >
Aujourdhui nous avons un ratio dette nette sur fonds propres totaux qui est de lordre de 40%. Ce qui est relativement faible par rapport à notre industrie.
Par ailleurs, le ratio de couverture de notre dette nette par notre cash-flow est denviron 24%. Ces niveaux de ratio nous autorisent, si lopportunité se présente, denvisager éventuellement une acquisition de lordre de celle dOlex (un peu plus de 300 millions deuros dinvestissement, dette comprise).
Vous avez bien absorbé lenvolée de 50% du cours de cuivre lan dernier. Comment voyez-vous osciller les matières premières cette année > Quelles sont vos hypothèses de travail >
Il est vrai que sur lensemble de lannée 2006, on a vraiment assisté à une envolée des prix du cuivre. Si on compare le 31 décembre 2005 et le 31 décembre 2006, on a une hausse qui a été de lordre de 45% en dollar par tonne.
Si on prend le point le plus haut, à la fin de lété, on constate que la hausse atteignait plus de 90%. Il y a donc eu une flambée des cours du cuivre comme de lensemble des matières premières.
Aujourdhui, on est plutôt dans une phase de relative correction par rapport à ces niveaux plus hauts. Nos hypothèses de travail « les plus réalistes et les plus raisonnables » seraient davoir un cours du cuivre autour de 4500 euros par tonne. On nanticipe donc pas une baisse brutale du cours du cuivre au-delà des niveaux atteints il y a quelques semaines.
Sur le plan géographique, quelles sont pour vous les régions de développement clé >
Notre groupe a lambition daccélérer son développement en dehors de lEurope, qui représente encore 64% de notre chiffre daffaires total et qui a bénéficié dimportants investissements.
On anticipe donc une certaine dilatation du groupe vers les zones hors Europe. Il y a du potentiel de développement en Asie, notre acquisition dOlex sinscrit dailleurs tout à fait dans cette logique. Au-delà de la Nouvelle-Zélande et de lAustralie, cette opération nous permet davoir une présence plus forte pour couvrir lAsie. Il y a les Etats-Unis où certaines opportunités peuvent être mises à profit.
Je crois quaujourdhui ce ne sont pas les opportunités qui manquent.
Vous annoncez une croissance rentable de plus de 33% en Chine. Envisagez-vous daccélérer votre développement dans ce pays >
Concernant la Chine, notre développement a été jusquici très progressif. Entre ce que lon vend sur place à partir de la production chinoise et ce que lon exporte, nous générons environ 120 millions deuros de chiffre daffaires pour léquivalent dun cinquantaine de millions deuros de capitaux employés.
On a eu un développement extrêmement sélectif et progressif. On a lambition de continuer à avoir des taux de croissance à deux chiffres en Chine. Doit-on envisager pour les mois à venir une accélération de cette croissance > Je crois que nous ferons preuve dune très grande prudence.
Nous y avons développé des niches très profitables, sur des marchés à forte croissance, comme la partie navire où nous sommes devenus une référence en la matière.
Je crois que si dautres opportunités se présentent notamment sur le segment industriel, on se positionnera : se développer en Chine, oui, mais à condition que ce soit une croissance effectivement rentable.
Votre entreprise a réalisé lan dernier lune des meilleures performances du marché. Que vous inspire cette réussite et va t-elle se prolonger >
Les résultats 2006 sont effectivement très bons. Nous avons bénéficié de conditions macro économiques très favorables, ce que nous avons su mettre à profit.
Nous espérons que 2007 sera une année aussi bonne voire meilleure. Je crois quétant donné la qualité de nos résultats 2006 et la solidité de nos équilibres financiers, nous pouvons envisager lavenir non seulement avec confiance mais aussi avec ambition.
Propos recueillis par N.S.
Publié le 02 Février 2007
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